vendredi 1 mars 2013

L'Eau de Merzhin


Voilà, ça y est, elle est là, L'Eau de Merzhin.  
Et je n'en suis pas peu fier. 
Difficile d'en parler tant la chose me semble personnelle et en même temps, elle ne m'appartient plus maintenant, d'autres nez peuvent en jouir et s'en délecter. Enfin j'espère. 

Pour ma première incursion de l 'autre côté du miroir de la parfumerie, c'est à  mes racines que j'ai pensé. J'ai passé une bonne partie de mon enfance à gambader dans les prés, à sillonner les bois moussus des campagnes bretonnes et à parcourir à pied les landes mystérieuses des Monts d'Arrée. Autant dire que les  contes et légendes de Bretagne m'ont imprégné dès l'enfance et que j'ai de bonnes racines breizhou. 
Le thème est donc la Bretagne au printemps, la fraicheur des herbes de prés, l'eau qui coule, la terre mouillée, la campagne qui s'éveille, les oiseaux qui pépient, les premières fleurs sauvages qui pointent: douceur et détermination. Mon intention, en sus de me laisser guider par les matières qui ont semblé évidentes à assembler, était d'évoquer un paysage, des souvenirs avec sans doute une pointe de nostalgie. Et puis l'enfance, il y a quelque chose d’enfantin et dans ma façon d'aborder la création et dans le résultat final. 

J'aime les matières naturelles, L'Eau de Merzhin en est gorgée à plus de 70%, de belles matières, des absolues, des extraction CO2 et des huiles essentielles choisies pour leur qualité et leur pureté olfactive. Le résultat : un parfum décalé, intense, tendre ; des notes de tête très vertes,  fraiches et vives qui s'adoucissent pour s'alanguir sur un fond plus sec de foin coupé. 
Galbanum, Angélique,  cassie et feuille de violette pour le vert un peu poudré anisé et aromatique. L'absolue feuille de violette apportant également une sensation de mouillé, d'humide sans avoir eu besoin de faire appel à ces notes aqueuses synthétiques que je déteste.
Aubépine, jacinthe d'eau et héliotrope pour le coeur floral  léger. J'avais l'image des ces bosquets d'aubépine en fleur au tout début de printemps qui ne durent que quelques jours et embaument les prairies d'une douce odeur suave et entêtante. Et pour le fond: du foin, flouve, fève tonka et de la mousse. La flouve étant une herbe sauvage très chargée en coumarine à l'odeur douce de foin sec. Enfin, il y a une belle note d'iris qui lie le tout comme un fil conducteur. 
Deux matières synthétiques essentiellement sont mises en valeur: l'anysaldéhyde aux accents de mimosa anisé et l'ambrettolide un musc un peu vert qui rappelle l'ambrette et aussi l'angélique par moment. Quelques ionones forcément soutiennent la violette et une touche plus sale de crésols et de notes animales évoquent la terre, le cuir et la mousse. 
  
Il y a d'abord eu plusieurs versions appelées Fleurs du ruisseau, avant d'aboutir au parfum final et de me lancer dans l'aventure d'une petite production.  Sans formation formelle en parfumerie et dans l'art de composer, il m'a fallu beaucoup de tâtonnement, une part de chance et faire appel à mon intuition et à tout ce que j'avais pu lire, sentir auparavant pour inventer ce parfum. Et puis j'ai eu la chance tout au long d'avoir un panel de testeurs prestigieux, confrères blogueurs, parfumistas émérites qui ont bien voulu jeter une narine sur mes touilleries et donner leur avis éclairé qui chaque fois m'a aiguillé sur le chemin de la création. C'est toujours un honneur de faire sentir à des professionnels une petite chose que l'on a concocté dans sa cuisine, et encore plus quand ils sont séduits. 
La magie a également opérée quand en passant de l'essai à la production finale, le changement de qualité en matières premières a modifié et embelli tout le parfum : l'iris beurré que j'y ai ajouté a fait des merveilles et me ravi encore chaque fois que je le sens. Ce qui n'était pas prévu mais qui finalement me rempli de fierté, c'est cette ambiance vintage de parfum ancien que l'on perçoit dès l'ouverture. 
Mais je crois que la claque majeure, ce fût de sentir pour la première fois L’Eau de Merzhin fraichement mise en flacon, sur une amie qui l'a de suite adopté. Quel sentiment étrange de côtoyer son bébé porté par quelqu'un d'autre. Parfois bien sûr c'est affreux, je ne vois que des défauts, et d'autres je n'en reviens pas : c'est moi qui ai fait ça?
Bref, je suis sur un petit nuage depuis le début et il s'avère que je ne suis pas prêt de redescendre. 


L'Eau de Merzhin est disponible en flacons de 50 (90€). Pour celles et ceux qui voudraient le découvrir, merci de me contacter à cette adresse: anatole.lebreton@gmail.com
Je peux également envoyer des échantillons.

Le nouveau flacon : 

25 commentaires:

  1. La Bretagne...
    L'eau de Merzhin, prenant sa source dans les Monts d'Arrée, se faufilant vers Huelgoat, Oui totalement, j'y suis, entre légende, spontanéité, terroir, et printemps. Une escapade dans un autre temps, une parenthese incisive et enchantée, puis une sorte de repos confortable dans une prairie sèche... Chapeau bas Monsieur: tu as su peindre le voyage, façonner les odeurs et imprimer ta personnalité, c'est juste beau ce que tu as créé :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Peindre le voyage, c'est joli, quelle plume ma chère! Et tes références bretonnes sont tout à fait dans le ton: Huelgoat c'est mon domaine. Quelle aventure excitante de suivre une création et de faire vivre un rêve n'est-ce pas?

      Supprimer
  2. J'ai eu la chance de découvrir cette très belle Eau..... Elle me surprend à chaque test... Craquante, fusante.... toujours étonnante....
    Bravo pour cette création, et merci de me l'avoir fait découvrir....

    Michèle L

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Michèle, merci beaucoup. Je suis ravi qu'elle vous étonne et vous surprenne. Tout ceci me comble, je n'en espérais pas tant.

      Supprimer
  3. Je crois bien que c'est mon premier commentaire ici. On dirait bien que vous avez mis la Bretagne en flacon. Les matières utilisées me font totalement rêver... Félicitations pour avoir réalisé ce beau rêve !
    (Il vous reste des échantillons par le plus grand des hasards ?)

    Olivia

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Olivia bienvenue ici, il me reste bien des échantillons et je peux vous en envoyer un avec plaisir. Il suffit de me donner votre adresse ici: anatole.lebreton@gmail.com

      Supprimer
  4. Bravo!!!
    Je vous souhaite que l'Eau de Merzhin ait plein de petits frères et petites soeurs :)
    Très bonne continuation!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pleins de petits frères et sœurs, j'espère un peu oui. le prochain est déjà prêt et quelques idées bien avancées ensuite. Il ne reste qu'à faire maintenant.

      Supprimer
  5. Parfum beaucoup moins classique que ce à quoi je m'attendais. Il y a une véritable ambiance qui ressort, apporté je trouve par des notes sales de terre humide, une sorte de végétation morte sur laquelle les nouvelles pousses du printemps trouvent leur substance. Plus difficile a apprivoiser que prévu, je le teste toutes les semaines pour arriver à trouver le climat qui lui convient. Je parts bientôt en Thailande et je me demande si ce ne serait le bon endroit :)
    Vivement les compositions suivantes, je rêve de qqchose autour de l'immortelle.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Anonyme, en voilà une belle description, j'aime que vous fassiez ressortir ce côté mystérieux et insaisissable de l'Eau de Merzhin. Pour ma part je l'aime au printemps et effectivement en été quand il fait très chaud, il m'apporte de la fraicheur sans passer par les hespéridés que je n'aime pas tellement.
      (Et c'est un secret mais oui, j'aimerai beaucoup faire quelque chose autour de l'immortelle: pour l'instant elle me résiste, mais cela va venir)
      Bon voyage en Thaïlande!

      Supprimer
  6. Hello, je l'ai porté hier et il m'a donné envie de printemps, je ne connais pas ces coins de Bretagne mais j'étais quand même bien, couchée dans l'herbe verte et le foin. Une belle promenade merci, et bravo, mais ça je te l'ai déjà dit. Olymp

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Que de temps parcouru depuis mon premier sniffage de l'ébauche de Fleur de Ruisseau jusqu'à l'Eau de Merzhin ! Si les premiers essais me faisaient beaucoup penser (en encore plus galbanumisé) à L'Ombre dans l'eau, EdM est un mix sautillant, du vent dans les ajoncs qui ploient à peine, des petits korrigans (ou Pilpouquets ? selon ta région) qui farandolent le long des berges des ruisseaux impétueux, une eau druidique et un elixir qui pour avoir une certaine fluidité et transparence n'en a pas moins du corps, de l'esprit, de l'âme et de l'audace.
      Te souviens-tu qu'après l'avoir vaporisé sur mon mouchoir laissé dans mon sac à main lui même laissé au pied de mon bureau j'avais toute une après midi cherché d'où venaient ces effluves.... d'Après l'ondée !!! jusqu'à faire le lien dudit sac qui contenait ledit mouchoir qui lui-même...
      En tous cas je suis heureuse de la naissance de ton premier bébé (je dis premier car je sais qu'il aura "binetôt" LOL) des petits frères (don't forget the PdK project !!), tu mérites ce qui t'arrive et c'est tout mal que je te souhaite :-)

      Supprimer
    2. Olymp, il te va à merveille! Belles promenades à toi :)

      Livonia, chère testeuse, je suis très fier et chanceux de te compter dans mon panel. Je me souviens de ton message "mais qu'est-ce qui sent Après l'ondée?"
      Merci pour les encouragements (et PDK is on it's way..)

      Supprimer
  7. Hi, it's marika from Bergamotto e Benzoino, my friend Nyneve has shared a decant of this scent with me but then... I needed a full bottle. Yesterday it has arrived to my house and i'm so happy: L'Eau de Merzhim is the best scent i have smelt in a year! I loved the homage to Apres L'Ondee, and chanel's n.19, and the perfect balance between spiritual/earthy feeling, light and shade. The presence of oakmoss makes it magic... I'm constantly wearing this, i can't do without . Thanks for creating such a moving scent!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hi Marika, so happy to find you here.
      Best scent in the year, OMg you make my day! Thank you so much for this comment, you know I'm always doubting and it's reassuring to know that my baby is moving someone somewhere and makes him or her travel a little bit.

      Supprimer
  8. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  9. Je suis le première surprise. Un jour on me colle sous le nez un extrait de parfum. Je cherche dans ma mémoire olfactive, ce que cela peut être et puis j'oublie tout pour dire "waou, qu'est ce que c'est ? Il me le faut !" J'ai en face de moi l'immense sourire d'un enfant qui a trouvé son trésor. Il fallait que je le porte pour mieux le comprendre, que je m'en imprègne. Aujourd'hui j'ai la chance d'avoir l'eau de Merzhin dans ma vie. À chaque fois que je le porte c'est la même surprise. Quelle intensité ! Un concentré d'émotions. La fraîcheur du matin laisse la place à des notes fleuries et poudrées. Le soir son sillage est composé de notes gourmandes et élégantes. Anatole a raconté brillamment son histoire. J'ai hâte de pouvoir porter sa prochaine création car je sais qu'il ne manque pas d'imagination et qu'il est un grand conteur. Merci à lui ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci à toi Unknown :)
      C'est un privilège rare de lire les ressentis et c'est très émouvants je dois dire, c'est pourquoi j'ai laissé passer quelques temps avant de répondre. Histoire de digérer. La prochaine création est en route et elle sera... différente. Moins tendre dirais-je.

      Supprimer
    2. Je passe commande de la prochaine création. Elle m'a déjà faite voyager. La force de vos parfums, monsieur Anatole, c'est qu'ils vous emmènent dans des univers bien précis. Aux premières effluves, des images s'imposent, on est transporté dans un décor de cinéma. Unknown je suis ... Et pourtant ...

      Supprimer
  10. Bonjour Anatole,
    Je découvre votre charmant blog, où la passion fait écho à la joliesse de l'écriture. Maintenant vous vous mettez, semble-t-il, à la création de fragrance(s), je ne peux que vous féliciter et vous encourager à poursuivre ! Contrairement aux pays anglo-saxons, cette démarche amateure – comprendre : qui aime – est assez rare en France, pourtant pays du parfum... A vous lire en tout cas, ce premier essai est bien tentant. Bon vent à l'Eau de Merzhin ! (S'il vous avez un échantillon, je veux bien tester – j'ai vu votre mail plus haut)
    NLR

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tard mais mieux que jamais: merci beaucoup NLR! Effectivement ma démarche est un peu calquée sur celle des anglo saxons qui osent mêler les genres et pratiquer l'artisanat comme nulle part ailleurs.
      Je vous souhaite de bons tests.

      Supprimer
  11. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
  12. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  13. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

    RépondreSupprimer
  14. Bonjour , est ce que vous pouvez me livrer au MAROC ?

    RépondreSupprimer