vendredi 19 avril 2013

Antilope de Weil, 1945.



Début XXème, la maison Weil était spécialisée dans les parfums fourrures. Pour un fourreur parisien réputé c'était la moindre des choses. Il y avait eu Zibeline (un bijou de 1928), Hermine, Chinchilla... il y aurait donc cette Antilope en 1945 au sortir de la guerre. En gros, un floral aldéhydé boisé un brin classique et qui pourtant se démarque de ses confrères plus dames par ses herbes et son boisé sec intense et mystérieux, pas si fauve mais bien sec, herbes prêtes à prendre feu, myrrhe suintante d’arbustes clairsemés et un floral survolant le tout, comme une brume de chaleur.   

Où quand la cocotte se la joue Out of Africa. Et telle Meryl décidée, courre la savane pour sauver son amant qui s'est encore fourré dans une histoire pas possible. Un parfum de savane, d'étendue sèche à perte de vue. 

Un iris braisé, confit dans du santal et des bois secs et résineux, un floral compact mettant en vedette les suspects habituels : rose jasmin et une intéressante note jacinthe/muguet qui semble une bouffée d'air frais dans cette torpeur. Un peu d’œillet pour les épices et puis viennent les herbes : camomille, sauge, de ces plantes qu'on croise sur les collines en plein cagnard, desséchées par le soleil et le vent mais terriblement odorantes et envoutantes. On est par instants au bord de l'immortelle cramée, caramélisée safran voire myrrhe mystique. Cette dernière n'est pas mentionnée dans la composition officielle et pourtant c'est bien elle que je sens : épicée sucrée miel, anisée réglisse et légèrement animale. Tiens ? Justement l'animal, l'antilope n'y est pas si imposante que cela, plutôt tapie dans l'ombre,  ou fourrure poussiéreuse du prédateur aux aguets, quasi cuir daim souple et vivant, on sent presque la peau palpiter. 


C'est mon parfum des soirées d'été quand la chaleur tombe et qu'une légère brise monte de la mer pour rafraichir les maisons surchauffées. Le parfum de toilette est parfait, un voyage sans bouger. Et l'extrait ?  C'est le N°5 porté par Hugh Jackmann de retour d'une virée dans le bush australien. Une peau chaude et fleurie, souriante et animale mais qui ne se laisse pas facilement apprivoiser : sauvage et  érotique en diable. Tout moi en somme. 



Photos: Extrait de Out of Africa. Et collection personnelle.