vendredi 31 mai 2013

Mitsouko and co : retour en grâce.




Je reviens d'un long périple au Mexique et qui l’eut cru, Mitsouko sied parfaitement à Mexico ! Le chypré fruité à l'ancienne s'y déploie, rond et chaleureux, aussi mystérieux qu'une pyramide, envoutant comme au premier jour. 
Ce fut donc l'occasion de tester ma dernière acquisition, une eau de parfum RECENTE. Et oui, tout arrive et c'est ma grande découverte du printemps : les vieux Guerlain ont repris du poil de la bête et ont été retouchés intelligemment. Un beau travail pour redonner faste et splendeur à ce monstre de la parfumerie moderne qui dépérissait sur les basses étagères des marchands de senteurs.

Aux dernières nouvelles ce monument était en passe de sombrer dans les oubliettes des parfums massacrés à la tronçonneuse réglementaire. Saccagé par une retouche mal faite, il avait à mon nez l'effet d'une scie sauteuse me vrillant le cerveau, une note extrêmement acide et désagréable qui dissonait et déséquilibrait le tout, l'impression d'une désincarnation, d'un Mitsouko anorexique. Le surprise fut donc énorme quand au détour d'un test dédaigneux errant désespéré dans un supermarché du parfum, de découvrir que, tient, mais il est tout à fait comme il faut, et ô soupir, langueur, mais il est même très bien !

Thierry Wasser, pilote parfumeur du paquebot Guerlain a re travaillé certains des mythes pour leur rendre autant que faire se peut, leur splendeur déchue.  Ainsi pour Mitsouko, il a recréé une base mousse de chêne, puisque la matière a été amputée de certaines de ses molécules allergisantes, perdant ainsi une partie de son odeur de sous-bois caractéristique. Le jeu a consisté à lui redonner les facettes manquantes, tout en respectant les réglementations.

A l'origine le parfum contenait également une infusion de musc, du vrai musc tonkin interdit depuis longtemps, qui avait simplement été remplacée par une dose équivalente de musc synthétique, ce qui n'a pas du tout le même effet évidemment. Wasser a donc refait une base de musc en infusion, flirtant avec les limites réglementaires encore, qui donne une sensation de moelleux que l'on croyait à jamais disparue.

Le résultat: Un Mitsouko moins sombre qu'il n'a été, pas rieur pour autant ne poussons pas, ample, souple et surtout parfaitement portable.

On a tellement glosé, tapé sur les maisons de parfum pour ces reformulations atroces  que l'occasion est à saisir de saluer l'initiative et remercier la maison Guerlain d'avoir redoré le blason de ses anciennes gloires pas tout à fait déchues. Et je me suis laissé dire que le parfumeur a pris beaucoup de plaisir à trifouiller dans les entrailles du monstre sacré. Il a refait non pas deux concentrés ( l'eau de toilette d'un côté et l'autre pour l'eau de parfum et l'extrait) mais trois, un pour chaque concentration, afin encore de coller aux limites.
Nous sommes plusieurs radicaux du chypre à avoir sauté sur l'occasion inespérée de racheter un flacon neuf  et nous pouvons sans moue dubitative arborer fièrement notre Mitsouko nouveau : ne boudons pas notre plaisir !


Photo personnelle : divinité féminine Téotihuacan.